Que faire quand le niveau des élèves est médiocre ?

2012-04-04, 8:31 am

L’un des problèmes majeurs que risque de rencontrer un
enseignant débutant ou même expérimenté est celui de la médiocrité
flagrante du niveau de certains élèves pour ne pas dire la majorité. En
faisant face à un tel obstacle, on s’interroge sur les solutions
possibles auxquelles on devrait recourir afin de remédier à ce problème ô
combien désolant et épineux !
Une première recommandation s’impose, il faudrait éviter de vexer un
élève quand il commet une erreur, au contraire cette dernière est
exploitable, surtout si le professeur sait comment aboutir à une bonne
réponse en en récupérant une qui ne l’est pas vraiment et en louant les
aspects intéressants qui y sont abordés notamment à l’oral. Cela est
davantage fructueux quand il s’agit d’élèves qui manquent de motivation
ou qui cherchent à troubler le bon déroulement de la séance. Cela donne
confiance à l’apprenant et permet d’établir entre lui et l’enseignant un
contrat tacite de respect et d’entente tandis que si l’élève sent que
le professeur est là pour le vexer, sa réaction sera autre que le
respect et on ne peut guère s’attendre à ce qu’il vienne en classe pour
suivre, comprendre et encore moins pour participer positivement !
En outre, je pense qu’il serait préférable d’éviter de recourir à « un
métalangage jargonnant » si on a un équivalent plus simple et clair car
n’est-ce pas absurde de leur parler de narrateur « intra ou
extradiégétique », « d’analepse et de prolepse » alors qu’ils confondent
l’auteur avec le narrateur ? Aussi l’enseignant se trouve-t-il face à
une double préoccupation : d’une part il doit adapter le niveau de
langue et le métalangage, le contenu et les exercices au niveau des
élèves mais d’autre part il doit respecter les contenus et les objectifs
des programmes officiels.
Et puis ce serait bien si on prenait la peine d’expliquer à nos élèves
l’origine de certaines appellations utilisées fréquemment, cela
éviterait bien des confusions. A titre d’exemple, des mots tels que «
subordonnée, principale, indépendante » pourraient être expliqués même
en recourant à des exemples de la vie sociale et ce, afin d’éviter
d’être désagréablement surpris, comme je l’ai été cette année, en
trouvant que la majorité de mes élèves de 4ème année Lettres
confondaient encore la principale avec l’indépendante ou avec la
subordonnée ! En fait, c’était normal car, pour eux, le mot «
subordonnée » n’est autre qu’une suite sonore inintelligible, or si le
professeur tente souvent d’établir un rapport entre le signifiant et le
signifié, (même si en théorie ce rapport est arbitraire) l’élève
pourrait alors dégager certains sèmes distinctifs en pensant à l’origine
du mot, sa composition etc. ce qui lui serait d’un grand secours.
Je terminerai par proposer un exercice, une méthode à laquelle je
recours quand je suis face à des élèves incapables de rédiger des
arguments et vous serez d’accord si je disais que cela concerne une
grande partie de nos élèves. Malheureusement, au lieu d’inviter leurs
élèves à rédiger eux-mêmes, certains collègues leur demandent
d’apprendre des sujets « préfabriqués » et donc de « copier coller ».
Personnellement, je leur fournis d’abord deux ensembles de verbes :
Dans le premier ensemble, les verbes expriment l’idée d’une conséquence
positive (favoriser, développer, garantir, améliorer, stimuler,
permettre de…) et dans le second, une conséquence négative (causer,
provoquer, détruire, entraver…) Puis, je leur demande d’employer ces
verbes dans le but de construire des phrases simples en mettant comme
sujet (de la phrase) des thèmes tels que « le sport, le voyage, la
publicité, la tolérance… » Ainsi, le travail de l’élève consistera-t-il à
faire diverses combinaisons et à ajouter simplement des compléments,
mais, une fois ces mécanismes intégrés, il n’aura plus besoin de
recourir à certaines structures traduites de l’arabe : [le sport laisse
l’homme vit dans une bonne santé]…
Les fruits d’un tel exercice ne tarderaient pas à vous surprendre
agréablement car au bout d’une ou deux séances vos élèves seraient
capables de construire des phrases du genre : « Le sport garantit une
bonne santé… », « Le voyage favorise l’apprentissage », « La tolérance
stimule l’échange et l’enrichissement. »…, et quand je leur demandais de
lire leurs arguments, des dizaines de mains se levaient et les
résultats étaient plus que satisfaisants ! Je crois qu’il faudrait
arrêter de dire et de penser que les élèves sont bêtes, car il n’y a de
vraiment « bête » que la bête au sens premier du terme. Tout humain est
perfectible, or l’élève est un humain, donc l’élève est perfectible !
:-)
Najjar Abderrahmen